Livres
La physiocratie dans l'Europe des Lumières
Circulation et réception d'un modèle de réforme de l'ordre juridique et social
Préface d'Anthony Mergey
Paris, Editions Mare & Martin, 2020, 808 p.
La physiocratie occupe une place majeure dans l’histoire du siècle des Lumières. La doctrine élaborée par le docteur François Quesnay, le marquis de Mirabeau et leurs disciples constitue un modèle original de réforme de la société d’Ancien Régime. Liberté du commerce, impôt unique sur les
terres, abolition des corporations, établissement du «despotisme légal», reconnaissance du triptyque «liberté, propriété, sûreté» au rang de droits fondamentaux, les propositions des physiocrates bouleversent l’ordre juridique et social traditionnel.
Par ses théories universalistes, la physiocratie s’exporte bien au-delà des frontières françaises. De quelles manières les idées de cette «science nouvelle» ont-elles circulées et comment ont-elles été reçues en Europe ?
Prix :
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Prix Franz Stephan de la Société autrichienne pour l’étude du dix-huitième siècle.
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Prix Montesquieu de l’Association française des historiens des idées politiques.
Comptes rendus :
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Journal of Interdisciplinary History of Ideas, 2021, vol. 10, n° 20, item 7, p. 1-7, en ligne (par Manuela Albertone).
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Contributions to Political Economy, 2022, vol. 41, n° 1, p. 208-210, en ligne (par Gabriel Sabbagh).
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Revue historique, 2022, vol. 703, n° 3, p. 719-722, en ligne (par Claude Michaud).
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Revue historique de droit français et étranger, 2022, n° 2, p. 327-333 (par Anne-Sophie Condette-Marcant).
Les traductions du discours juridique. Perspectives historiques
Sous la direction de Hugo Beuvant, Thérence Carvalho et Mathilde Lemée
Préface de Francesco Di Donato
Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2018, 204 p.
Le discours juridique est-il voué à subir la malédiction de Babel ? A toutes les périodes de l'histoire, les juristes ont nécessairement été confrontés à la diversité linguistique du monde et lui ont trouvé un efficace mais délicat remède : la traduction. Les civilisations de l'Antiquité ont ainsi cherché à comprendre et à traduire le fonctionnement et le droit des autres sociétés humaines. A partir de la redécouverte du droit romain, les juristes ont dû faire face aux enjeux de la traduction d'un système juridique suranné et à sa transposition dans un présent entièrement différent. De même, les réformateurs de l'époque moderne se sont intéressés aux réalités juridiques des Etats voisins et aux propositions de changement suggérées par des penseurs étrangers.
Si la question de la traduction du discours juridique a fait l'objet de plusieurs études, elle n'a néanmoins que trop rarement été envisagée d'un point de vue historique. Or, l'histoire du droit offre de très nombreuses illustrations de translatio linguii qui permettent de mieux appréhender les phénomènes de circulation et de réception des idées juridiques. Partisans d'une démarche à la fois historique et comparative, les auteurs de ce livre s'appliquent donc à une interrogation raisonnée du passé afin de comprendre les grands défis de la prospective juridique. Cet ouvrage, fruit d'un colloque international organisé à l'université Rennes 1, éclaire les traductions du discours juridique à travers le prisme de l'histoire en s'intéressant aux problématiques récurrentes et aux solutions diverses proposées à travers les époques. Au fil des contributions, la traduction du discours juridique se révèle comme une mission exigeante qui lutte intemporellement pour l'émergence d'un lumineux-dialogue entre les droits et les civilisations.
Comptes rendus :
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Revue trimestrielle de droit civil, 2018, n° 4, p. 1010-1011 (par Laetitia Guerlain).
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International Journal for the Semiotics of Law - Revue internationale de Sémiotique juridique, 2019, vol. 32, n° 1, p. 225-228 (par Ksenia Gałuskina).
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Rechtsgeschichte - Legal History, 2019, n° 27, p. 310-312, en ligne (par Manuela Bragagnolo).
Les lois naturelles de l'ordre social
Réédition scientifique des œuvres de Guillaume-François Le Trosne
Genève, Slatkine, 2019, 511 p.
Magistrat au présidial d’Orléans, Guillaume-François Le Trosne (1728-1780) est à la fois le disciple de Robert-Joseph Pothier, le plus éminent jurisconsulte de son temps, et de François Quesnay, le chef de file du mouvement physiocratique. Ce double héritage fait de lui un auteur remarquable et unique du siècle des Lumières. Sa vie durant, il s’évertue à lier le droit et l’économie politique dans une science totale de la société qui développerait les lois naturelles de l’ordre social. Cette édition aspire à éclairer son œuvre d’un jour nouveau en rassemblant trois de ses textes les plus importants publiés en 1777 :
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De l’ordre social, composé de onze discours, dans lequel il développe ses principales opinions économiques, politiques et juridiques, comme la liberté du commerce, la mise en place d’un impôt territorial unique ou l’établissement d’une hiérarchie normative à prédominance jusnaturaliste ;
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De l’intérêt social, par rapport à la valeur, à la circulation, à l’industrie et au commerce intérieur et extérieur, son ouvrage le plus théorique en matière d’économie politique où il répond aux critiques formulées à l’encontre de la physiocratie par son ami, l’abbé de Condillac, dans son livre Le commerce et le gouvernement, considérés relativement l’un à l’autre, publié en 1776 ;
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ses Vues sur la justice criminelle, opuscule dans lequel il apporte un volet pénal à la physiocratie en détaillant ses propositions en ce qui concerne la législation criminelle et l’administration de la justice.
Outre la version intégrale de ces textes, ce volume intègre, pour la première fois, l’ensemble des préfaces et des notes issues des différentes rééditions. Il comprend également des annonces de presse, des extraits de correspondance, une présentation, une chronologie et des notes entièrement nouvelles. Redécouvrir l’œuvre de Le Trosne permet en définitive de mieux comprendre les grands débats intellectuels qui agitent le XVIIIe siècle et de puiser aux sources d’une pensée économique fondée sur la liberté.
Comptes rendus :
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Dix-huitième siècle, 2022, n° 54, p. 682-683, en ligne (par Claude Michaud).